Quel avenir pour les quartiers Jean Moulin - Beaumonts et Solidarité - Carnot ?
Situé aux confins des trois villes de Montreuil, Fontenay-sous-Bois et Vincennes, le secteur situé autour de la rue Stalingrad est longtemps resté secret, comme à l’écart. Depuis toujours associé à une activité industrielle, liée d’abord à l’extraction puis à sa bonne accessibilité automobile sur un axe de circulation important, ce quartier semble aujourd’hui engagé sur une trajectoire de renouvellement qu’il est opportun d’accompagner et d'encadrer pour contrer les logiques spéculatives.
La Ville de Montreuil souhaite engager une réflexion sur le devenir du secteur et proposer une vision stratégique pour son renouvellement urbain grâce à l’élaboration d’un plan-guide urbain participatif à l’horizon 2025, associant la population, les acteurs du territoire et les différents partenaires de la Ville (Établissement Public Foncier d’Île-de-France, Établissement Public Territorial Est Ensemble, Conseil Général, Ville de Fontenay-sous-Bois...).
Cette étude s’inscrit dans un contexte réglementaire spécifique puisqu’elle intervient en amont de modifications du Plan Local d’Urbanisme intercommunal d’Est Ensemble. C’est donc l’opportunité pour la collectivité d’inscrire des mesures qui permettront de contenir la pression immobilière sur le secteur et de maîtriser son développement futur.
En effet, la recherche d’une rentabilité maximale conduit certains constructeurs à proposer des édifices massifs et denses ou à privilégier des occupations qui mettraient en péril celles déjà en place et la vie de quartier.
La Ville s’engage dans une démarche visant à endiguer les logiques spéculatives, à s’opposer à un projet de "bétonisation" pour lui préférer, dans le respect du "déjà-là", le maintien d’activités économiques en ville, la préservation du patrimoine, la renaturation, l’amélioration des espaces publics et des circulations.
Cette étude se déroulera pendant plus d’un an et suivra plusieurs étapes successives :
- Undiagnostic, permettant de faire une analyse problématisée de l’ensemble des données et des informations nécessaires à la bonne compréhension du contexte de l’étude.
- La formulation de scénarios urbains, permettant d’explorer différentes orientations d’aménagement pour conforter les choix à opérer pour l’évolution du quartier.
- Un plan guide et traduction réglementaire, permettant d’approfondir et formaliser le scénario d’aménagement retenu dans un document unique appelé "plan guide". Ce document permettra de définir un cadre réglementaire dans le PLUi et constituera une véritable boussole pour l’évolution à court-moyen-long terme du quartier.
Plan guide : un plan guide est un document qui définit les ambitions et les principes d’aménagement d’un projet urbain. C'est un document de référence, complémentaire aux outils réglementaires, qui vise à planifier l'action publique dans le temps. PLUi : le Plan Local d’Urbanisme intercommunal (PLUi) est un document de planification et d’urbanisme réglementaire à l’échelle d’un ensemble de communes. Il définit le fonctionnement et les enjeux du territoire, construit un projet d’aménagement et de développement à l’horizon des 20 prochaines années et le formalise au travers de règles d’utilisation et d’occupation du sol. À Montreuil, c’est le PLUi d’Est Ensemble qui est actuellement en vigueur depuis le 4 février 2020. Charte de la construction durable : En 2021, pour faire face aux nouveaux défis environnementaux, sociaux et sanitaires, le Conseil Municipal a voté la Charte de la Construction pour une ville résiliente, visant à répondre à ces nouveaux enjeux par une démarche innovante, durable, et socialement responsable. Démarche participative : Les projets urbains induisent de nombreuses transformations qui ont un impact sur la vie quotidienne des habitants et des usagers d’un quartier. La démarche participative vise à préparer et à accompagner ces transformations, en permettant aux citoyens de s’informer sur les évolutions à venir mais également en leur permettant de s’impliquer directement dans la production des nouveaux projet. |
Une première rencontre a été organisée le samedi 7 septembre, avec l’objectif de lancer la démarche participative autour de l’élaboration du plan-guide. Cet événement était l’occasion de partager les intentions de l’étude, le calendrier et les ambitions de la démarche de concertation. Une balade urbaine, en présence des élus et des bureaux d’études, a permis aux participants de (re)découvrir le site et d'enrichir la compréhension de son fonctionnement.
consulter le compte-rendu de la balade
Ateliers, balades urbaines, réunions publiques…d’autres actions participatives sont à venir au cours de cette étude pour discuter ensemble de l’évolution du quartier.
Grandes étapes • Phase 1 : Diagnostic synthétique, transversal et problématisé. Avril à novembre 2024 • Phase 2 : Scénarios urbains et programmatiques contrastés. Novembre 2024 à mai 2025 • Phase 3 : Plan guide urbain et traduction réglementaire. Mai 2025 à décembre 2025 • Phase 4 (optionnelle) : Mise en œuvre opérationnelle. Décembre 2025 à décembre 2026 |
Partenaires de la Ville • Établissement Public Foncier d'Île-de-France (cofinanceur de l'étude) • Établissement Public Territorial Est Ensemble • Conseil Départemental • Ville de Fontenay-sous-Bois • Ville de Vincennes |
À chaque étape de cette étude, la Ville souhaite associer la population et les entreprises à la réflexion en intégrant de manière élargie les usagers et les habitants dans leur diversité.
Le maintien et le développement de l’activité économique
Le quartier accueille une grande diversité d’activités économiques (conseil et d’expertise, commerce, stockage, production, etc.) qui se caractérise par un fort ancrage historique et une spécificité territoriale dans des activités artistiques et culturelles. Même si le poids de ces activités reste marginal, le périmètre reste à ce jour l’un des rares secteurs de la Ville classés en zone économique (zone UA) dans le Plan Local d’Urbanisme intercommunal (PLUi).
La valorisation du patrimoine bâti et paysager
En raison de son passé industriel et agricole, le quartier se distingue par une grande diversité dans ses formes de bâtiments et d’activités. On retrouve des bâtiments industriels de taille moyenne, des maisons, des logements collectifs et des équipements publics qui se côtoient au même endroit. Cette composition donne une forte spécificité au paysage de ce quartier, qui a su préserver au fil des années des vues sur le parc des Beaumonts et sur les toits de Montreuil. Dans ce paysage, certains bâtiments industriels se démarquent par leur forme architecturale particulière et leur dimension symbolique. C’est par exemple le cas l’ancienne usine d’émaillage Aurore-Arbez située 71 avenue de Stalingrad ou du bâtiment SOS Cintres le long de la rue Colmet Lépinay.
La prise en compte des enjeux écologiques (sols, eau, végétation…)
Aménagé en partie sur une ancienne carrière de gypse, le quartier s’est peu à peu densifié en laissant peu de place à l’eau et au végétal. Cet héritage industriel et la situation géographique du site sont des éléments importants à considérer pour adapter au mieux ce quartier aux effets du changement climatique. Afin d’améliorer l’habitabilité et la continuité de l’activité de ce secteur dans les années à venir, cette étude doit porter une réflexion sur la gestion de l’eau, la prise en compte d’un risque, la végétalisation de l’espace public, la création de continuités permettant la circulation de la biodiversité…
L’équilibre et la cohabitation des différents modes de déplacement
Le secteur est à la fois un lieu de passage et de transit important : la rue de Stalingrad permet de rejoindre le centre-ville avec la mairie de Montreuil (terminus métro ligne 9) et la ville de Fontenay-sous-Bois, l’avenue Gabriel-Péri permet de rejoindre Croix de Chavaux et de rejoindre Paris. Il est également structurant pour les vélos, dont les conditions de circulation ont fortement été améliorées depuis 2023 avec l’aménagement des pistes cyclables le long de l’avenue Gabriel Péri, mais qui manquent encore de continuité dans les aménagements (en particulier le long de l’axe Stalingrad).
Que ce soit pour les vélos ou les voitures, l’offre de stationnement répond difficilement aux besoins. Enfin, de nombreuses personnes se déplacent quotidiennement à pied, que ce soit pour aller aux écoles, au lycée, aux commerces ou pour se rendre chez soi. Le secteur est jugé peu agréable et sécurisé pour la marche à pied, avec des trottoirs souvent trop étroits, et encombré par du stationnement illicite et du mobilier urbain.
L’amélioration et le renouvellement des espaces publics et le soutien des commerces de proximité
Le quartier est un espace de vécu, avec des habitudes et des pratiques qui s’observent quotidiennement dans l’espace public et dans les commerces de proximité. C’est le fait par exemple de se rendre tous les jours à l’école, d’aller à l’épicerie ou dans le bar du quartier… Ce secteur pâtit d’un certain de difficultés pour animer sa vie de quartier : des espaces publics peu valorisés, avec peu d’usages et difficiles à identifier, un nombre restreint de commerces qui ne répond que partiellement aux besoins immédiats des habitants, des commerces dispersés qui ne permettent pas de créer de réels points d’ancrage dans la vie de quartier…
Du passé agricole à l’émergence de l’activité industrielle
Situé au sud de Montreuil, à proximité du parc des Beaumonts, le périmètre de réflexion se distingue par une histoire industrielle et productive remarquable qui peut aujourd’hui se lire dans son organisation urbaine et dans le nom des lieux (par exemple, la rue des Plâtrières).
D’abord zone de maraichère et de carrière (exploitation du gypse) pendant tout le 19e siècle, ce secteur de la ville devient ensuite un secteur privilégié pour l’implantation de petites manufactures et d’activités industrielles. De nombreuses usines s’installent sur les anciennes terres maraichères pour y développer des activités de menuiserie, ébénisterie, peausserie, fabrication de jouets ou encore d’émaillerie. L’usine d’émaillage Aurore-Arbez est construite par l’architecte Maurice Cammas au 71 rue de Stalingrad est un héritage encore visible aujourd’hui de cette aventure industrielle.
Un pôle d’activités économiques toujours présent
Au tournant des années 1960, l’industrie décroît à Montreuil comme dans le reste de la France. De nombreuses usines ferment leurs portes et emportent avec elles une partie de son histoire ouvrière. Mais certains bâtiments restent et sont réinvestis par d’autres activités. L’organisation du quartier, la taille des parcelles et certains noms de rue témoignent encore aujourd’hui de ce passé industriel (exemple, la rue des Plâtrières). Si bien que le secteur reste un pôle d’activités économiques important, où de petites et moyennes entreprises se mélangent à de nouvelles habitations et équipements publics qui organisent la vie de quartier.
Le renouveau du quartier dans un contexte de forte attractivité
L’arrivée de l’école Louise Michel, puis du groupe scolaire Angela Davis, a entraîné une joyeuse fréquentation du quartier. Les façades fraîchement enduites, les maisons surélevées et les petits bâtiments tertiaires désormais habités témoignent d’un attrait résidentiel qui a gagné l’ensemble du bas Montreuil. La transformation du centre-ville (Mairie), le renouveau de la Croix de Chavaux, l’arrivée à terme de la ligne 1 du métro à 15 minutes à pied (carrefour des Rigollots) ont resitué le quartier autour de la rue Stalingrad non plus dans l’angle mort de l’attractivité montreuilloise, mais au cœur de polarités métropolitaines majeures. Ces facteurs sont autant d’atouts qui nourrissent l’attractivité du quartier, mais font également peser des risques : spéculation, densification excessive, aggravation des îlots de chaleur... Si les grands fonciers d’activités venaient à muter, de nouveaux équilibres pourraient se dessiner.