Une nouvelle jeunesse pour le foyer Bara
Après un long combat politique et judiciaire, la Justice donnait raison à Montreuil et déclarait fin 2018, inhabitable l’historique foyer Bara, ouvrant la voie à sa démolition puis à sa reconstruction.
L'emménagement dans le nouveau foyer Bara de 160 résidents a débuté en avril 2023. Cette étape marque la fin heureuse et victorieuse d'une bataille de toute une ville pour l'égalité, la dignité humaine et la fraternité. Aujourd'hui, 526 résidents, sur-occupants compris (430 résidents titulaires d'un bail) de l'ancien foyer Bara sont aujourd'hui relogés au cœur du quartier du Bas-Montreuil, dans l'une des 5 résidences sociales toutes construites, rénovées ou rebâties à Montreuil.
Montreuil est fière d'accueillir dignement les travailleurs migrants au sein de la nouvelle résidence sociale Bara inaugurée le 3 juin 2023.
Photos : Gilles Delbos / Le Montreuillois
Au numéro 18 de la rue Bara, dans l'ancienne manufacture des pianos Klein, ont vécu, depuis mars 1968, des milliers de travailleurs migrants. Par leur force de travail, ils ont contribué à bâtir, embellir et enrichir la France et participé au co-développement de leur pays d’origine.
• Venus d'ailleurs, ils sont devenus citoyens de Montreuil.
Le foyer Bara ouvre ses portes en 1968, avec des chambrées de 205 lits pour accueillir les premiers travailleurs migrants. Ils ont pu se former et apprendre, pour se libérer de toute tutelle. Ils ont pu se loger à égalité de tout citoyen de Montreuil. Ils ont pu bénéficier de la solidarité de tous les habitants et des riverains.
Dès 1969, l’État demande à doubler les capacités d'accueil en faisant procéder à l'installation de lits superposés. La vie s'organise, les commerces se développent, un marché alimentaire au mille et une couleurs se forge une réputation jusqu'à Bamako, des femmes prennent en charge la cuisine collective et les communautés villageoises retrouvent ici un peu de la solidarité de là-bas.
À la fin des années 80, l'occupation réelle atteignait le millier de résidents. Les conditions de logement ne pouvaient que très rapidement se dégrader.
Au cours des années 1990, en l'absence de nouvelles constructions de foyers, la sur-occupation des lieux et le retrait progressif des aides publics conduisent, faute d'entretien et de rénovation, à une forte détérioration du bâtiment.
• L'indignité guette. Les chambre et parties communes se dégradent.
Les sanitaires et la cuisine sont dans un état de vétusté avancé. Les résidents s'organisent, protestent, se font entendre. La Ville de Montreuil ne baisse pas les bras.
• Des solutions sont envisagées, imaginées.
En 2013, la Ministre de l’Égalité des territoires et du Logement, Cécile Duflot rend visite aux résidents du foyer Bara. Un protocole de desserrement (démolition-reconstruction) du foyer est signé entre l’État, la Ville de Montreuil, les résidents, le gestionnaire et le propriétaire des lieux. L'objectif : reloger les résidents, démolir le foyer, construire 5 résidences sociales pour reloger tous les travailleurs.
En 2015 et 2016 la Ville de Montreuil inaugure 2 résidences sociales permettant de reloger une partie des résidents du foyer Bara : Hayeps (42 places) et Voltaire (115 places).
Septembre 2018 : au nom de la dignité, de l'humanité et de la sécurité, Patrice Bessac, maire de Montreuil, décide de partager les conditions de vie indignes des résidents en dormant au foyer Bara. "J'ai vu passer les rats sur les corps endormis, des matières fécales tomber du plafond dans les douches". L'indignité n'est plus possible.
• L'inaction est devenue dangereuse.
Le 26 septembre 2018, le Maire de Montreuil, Patrice Bessac a pris ses responsabilités et a réquisitionné les ex-bureaux de l'AFPA, un bâtiment vide, propriété de l’État pour mettre à l'abri plus de 200 résidents du foyer Bara. Les 2 mois suivants, une bataille judiciaire s'est engagée pour reconnaître la dangerosité du foyer Bara et la pertinence d'une installation temporaire dans les ex-bureaux de l'AFPA.
Le 29 novembre 2018, la justice donne raison sur l'inhabitabilité du foyer Bara. Le foyer Bara est fermé. La démolition débute.
• La Bataille de Bara pour la dignité, l'humanité et la fraternité est gagnée.
Octobre 2020 : ouverture de la troisième résidence Étienne-Marcel (120 places).
11 octobre 2021 : Pose de la première pierre du foyer Bara. Début de la reconstruction du foyer.