Montreuil rend une nouvelle fois hommage aux manifestants algériens pacifiques qui, le 17 octobre 1961, ont bravé le couvre-feu imposé par la police afin de revendiquer l'indépendance de l'Algérie et s'opposer aux discriminations. Une manifestation qui fut réprimée dans le sang.
L'an passé, Montreuil commémorait cette tragédie en donnant à une rue le nom « 17-octobre-1961 » afin de « charger de sens historique des rues, des espaces de rencontre, de passage, de jeu, d'échange ou de flânerie et les faire entrer dans le patrimoine local » expliquait Patrice Bessac, maire de Montreuil en 2023.
C'est à l'angle de cette nouvelle rue et de celle nommée Toussaint-Louverture que se déroulera ce jeudi 17 octobre, à 18h30, en présence des représentants de l'association Alter Natives un nouveau moment d'hommage pour que la mémoire de cet événement historique tragique ne s'efface pas. Ces hommages sont aussi pour Montreuil une contribution à lever le voile sur les faits trop longtemps cachés. « C'est ainsi que nous participons à réparer l'injustice faite aux manifestants morts, blessés ou disparus au cours de cette terrible journée du 17 octobre 1961 » souligne Halima Menhoudj.
Benjamin Stora en conférence à Montreuil
L'invitation lancée à Benjamin Stora de venir à Montreuil, au sein de la Bibliothèque Robert-Desnos (mardi 22 octobre, à 19h) pour présenter son dernier ouvrage Les Algériens en France, une histoire de générations est aussi une manière d'assurer la transmission de la mémoire des combats menés et de dire un peu de l'identité de Montreuil et des valeurs portées par les Montreuilloises et Montreuillois. Le format bande dessinée retenu par Benjamin Stora, offre un récit sur le temps long de l'immigration algérienne en France, accessible à toutes les générations.
Montreuil ville de mémoire
La ville de Montreuil s’est engagée depuis plusieurs années dans une « revitalisation » de l'indispensable travail de mémoire autour des cérémonies de commémoration alors que les témoins directs disparaissent. Elle conduit, en ce sens, des actions pour la connaissance et la compréhension, notamment par les jeunes générations, des moments marquants et des traumatismes de notre histoire commune. C’est dans cet esprit que s'organisent ces commémorations et hommages, mais aussi pour rendre justice aux victimes, pour redonner voix à une histoire étouffée alors que, pour certains historiens, britanniques notamment, cette journée du 17 octobre 1961 a été « la répression d’État la plus violente qu'ait jamais provoquée une manifestation de rue en Europe occidentale dans l'histoire contemporaine ».
La commémoration de ce jeudi 17 octobre 2024 se veut aussi être en cohérence avec les conclusions du rapport rendu par l'historien Benjamin Stora sur les questions mémorielles portant sur la colonisation et la guerre d'Algérie.
C'est par un travail mené en transversalité par la Direction du Développement Culturel, le Service Intégration et Population Migrantes et la Direction de la Jeunesse et de l’Éducation Populaire et porté conjointement par Alexie Lorca (adjointe à la culture), Halima Menhoudj (adjointe notamment aux populations migrantes) et Méline Le Gourriérec (conseillère municipale déléguée à la jeunesse, à la mémoire et aux anciens combattants) que la Ville de Montreuil souhaite permettre à tous les Montreuillois de se saisir de cette mémoire particulière, dans la continuité du travail mené sur la Mémoire de la Shoah et de celui amorcé sur la Mémoire de l'Esclavage Colonial dans le cadre de son dispositif « 365 jours contre le racisme et l'antisémitisme ».
Les faits tragiques d'une journée longtemps disparue des mémoires
Paris, 17 octobre 1961. La guerre d’Algérie fait rage. Les Algériens travaillant en France sont victimes de discriminations (notamment en matière de liberté d'expression, de travail et de manifestation) et revendiquent l’indépendance de leur pays alors département français.
Preuve de discrimination en matière de liberté de manifester, le communiqué du préfet de Police de l'époque « conseillant aux travailleurs algériens de s'abstenir de circuler la nuit dans les rues de Paris et de la banlieue parisienne (…), de 20h30 à 5h30 du matin ». Déterminés à ne pas se laisser bâillonner par ce couvre-feu, ils manifestent.
Au cours de cette terrible journée du 17 octobre 1961, plusieurs centaines d’entre eux sont tués et/ou blessés sous les coups de la police, dirigée par le préfet Maurice Papon (qui sera condamné en 1998 pour complicité dans la déportation des Juifs durant la Seconde Guerre mondiale) ou précipités dans la Seine… Ce massacre a eu lieu alors qu’étaient en cours des négociations entre le gouvernement français et les patriotes algériens, qui aboutiront cinq mois plus tard à l’indépendance de l’Algérie.
Cérémonie en présence de Patrice Bessac, maire de Montreuil, Halima Menhoudj, adjointe au Maire, déléguée à la coopération décentralisée, aux populations migrantes et à la solidarité internationale ainsi que Méline Le Gourriérec, conseillère municipale déléguée à la jeunesse, à la mémoire et aux anciens combattants,
Contact presse :
Jean Tilloy, attaché de presse de la Ville de Montreuil
06.63.12.85.10 / 06.30.71.80.07 / 01.48.70.60.38 - jean.tilloy@ montreuil.fr