Depuis deux ans, la Préfecture de Seine-Saint-Denis a dématérialisé ses services. Pour déposer ou renouveler une demande de carte de séjour ou de naturalisation, les résident-e-s étranger-e-s ont désormais obligation de prendre rendez-vous par internet.
A l'inhumanité des longues files d'attente aux guichets de la Préfecture de Bobigny se sont substituées de longues files d'attente informatiques, invisibilisant ce parcours du combattant et excluant davantage les personnes du service public. L'histoire se répète, l’État de droit recule ! Il faut désormais passer des semaines et souvent même des mois à rafraîchir une page internet, à toute heure du jour et de la nuit, pour espérer décrocher le sésame d'un rendez-vous, face à la pénurie de créneaux disponibles. En sus des difficultés d'accès à l'outil informatique, des dizaines de Montreuillois-e-s et des milliers de résident-e-s étranger-e-s dans la région sont bloqués dans leur accès aux droits : leur droit de résidence, mais aussi leurs droits sociaux lorsque leurs employeurs les licencient en l'absence d'un titre de séjour.
Cette mécanique absurde et folle place en situation irrégulière autant qu'elle plonge dans la précarité des milliers de personnes établies en France depuis des années voire des dizaines d'années !
Comment tolérer cette exploitation de la misère par des officines qui mettent en vente des rendezvous en préfecture - pourtant gratuits – à 50, 100, 200 ou 300 euros ?
Comment accepter dans un État de droit, que des résident-e-s étranger-e-s ou leurs familles françaises en soient réduits à « jouer au loto » pour obtenir un rendez-vous d'une administration publique ?
Nos concitoyen-ne-s, qu'ils et elles soient résident-e-s avec ou sans titre, voient un de leur droit le plus élémentaire bafoué, piétiné, alors qu'il ne s'agit pourtant que d'accéder à un guichet, pour remettre leur dossier et s'assurer de son instruction par les services préfectoraux. Ils sont des usagers à part entière !
Face à cette situation abracadabrantesque, un collectif inter-associatif, soutenu par le Syndicat des Avocats de France a décidé d'engager simultanément, le 9 octobre, dans toute l’Île-de-France des recours devant les tribunaux administratifs, pour contraindre les préfectures à octroyer les rendez-vous refusés par les algorithmes.
Les élu-e-s de Montreuil, réuni-e-s en séance du Conseil municipal, le mercredi 16 octobre 2019, apportent tout leur soutien à ces actions.
Elu-e-s de Montreuil, nous interpellons Monsieur le Premier Ministre pour lui demander de mettre fin à cette situation indigne qui déshonore notre République.
Nous demandons que soient alloués des moyens humains supplémentaires aux services préfectoraux en charge du droit au séjour pour faire face aux demandes en jachère et le rétablissement d'accueils physiques en Préfecture, complémentaires au respect des droits élémentaires de toutes et tous les usagers du service public.