Les échos de la Révolution
Les événements de la Révolution française vont également rythmer la vie des Montreuillois, avec certaines spécificités locales.
Au mois d’avril 1789, les électeurs du tiers état de Montreuil, c’est-à-dire tous les habitants n’appartenant ni à la noblesse, ni au clergé, âgés d’au moins 25 ans, français ou naturalisés, domiciliés au lieu de vote et inscrits au rôle (liste officielle) des impositions, se réunissent afin de former l’Assemblée électorale du tiers état de la ville et sont invités à rédiger le Cahier de doléances, plaintes et remontrances, comme le mentionnent les délibérations municipales. Ce cahier de doléances, dont les Archives nationales conservent une copie manuscrite, est composé de 27 articles traitant de réformes générales, communes à d’autres cahiers, mais aussi de questions concernant plus particulièrement la paroisse.
Une élection à deux degrés est également organisée afin de désigner les délégués du tiers état qui se rendront aux États généraux du royaume, à Versailles, le 5 mai 1789. Huit députés : Simon Pierre Préaux, Claude Mainguet, Pierre Henry Thioust, François Lebourg, Jean-Claude Savart, Jean-Nicolas Mainguet, Nicolas Houdard et Claude-Pierre Thioust sont choisis au terme d’une première élection. Ils ont la charge de transmettre le cahier de doléance de la paroisse et de se rendre au chef-lieu de baillage1 (à Paris) pour désigner à leur tour les délégués qui participeront aux États généraux.
Le 14 juillet 1789, les habitants de Montreuil sont convoqués. L’Assemblée municipale, qui traite les questions concernant l’ensemble de la commune, décide le jour même la mise en place d’une « garde villageoise », dont un détachement participe à la prise de la Bastille. Composée au total de six divisions de 100 hommes, la garde villageoise a pour mission de veiller à la sûreté du village.
Le 30 août 1789, une garde nationale est créée, composée de volontaires de 18 à 50 ans. Elle deviendra par la suite obligatoire pour tous les citoyens actifs.
Montreuil se radicalise en 1792, d’abord en février à la suite d’une émeute populaire contre un contre-révolutionnaire. Puis, à l’automne, la patrie étant déclarée en danger, un comité révolutionnaire est créé et les Montreuillois s’engagent aux côtés des sans-culottes parisiens. Ils participent à l’insurrection anti-girondine du 31 mai et du 2 juin 1793 et adhèrent à la Constitution « montagnarde ».
Un mouvement de destruction des signes religieux est lancé après la création, à l’automne 1793, de la Société populaire, dont l’activité semble principalement s’orienter autour des questions religieuses et locales. À la demande de celle-ci, le 25 brumaire An II de la République (14 novembre 1793), le conseil général de Montreuil (aujourd’hui conseil municipal) envoie huit maçons pour démolir les signes religieux (croix de bois, pierres supportant la croix…) présents dans la commune. Les débris sont récupérés pour être vendus aux enchères, au profit de la commune. Les objets de culte pris à l’église Saint-Pierre-Saint-Paul, à la suite de l’inventaire réalisé le 22 brumaire An II (12 novembre 1793) comprenant des effets en argent et en cuivre (un encensoir, une croix, un plat, des chandeliers, un christ…) et des vases sacrés (ciboires et calices) sont en partie vendus ou donnés à la Convention.
Le 4 frimaire An II (24 novembre 1793), le conseil général reçoit l’ordre du Comité de salut public de descendre les cloches de l’église sauf une, et de récupérer le cuivre et le fer utilisés pour le service du culte et de les transporter à l’Arsenal, à Paris, pour la fabrication de canons. Le septième de la deuxième décade de frimaire An II (7 décembre 1793) l’église devient un temple de la Raison et célèbre des fêtes civiques.
1 Chef-lieu de baillage : lieu où siège le bailli, agent du roi de France qui est à la tête du baillage, une circonscription administrative et judiciaire de la France au Moyen-Âge et sous l'Ancien Régime.